Afin d'élargir l'éventail des modèles de bonnes pratiques, nous vous présenterons désormais, à échéance régulière, des sites Internet d'institutions cultrurelles qui nous paraissent exemplaires. Et pour commencer, rendons-nous sur le site du Walters Art Museum de Baltimore.
Laissez défiler les images de l'écran d'accueil : mixité, parité, enfants, seniors et jeunes ; le musée est ouvert à tous. D'ailleurs, cliquez sur "What will you discover ?" et vous apprendrez que l'entrée est gratuite. Une bonne idée ce "What will you discover ?" : en moins de 7 lignes, nous avons le panorama et les points forts des collections.
Nous nous focaliserons sur la partie consacrée aux collections (Works of Art). On nous propose les traditionnelles recherche simple et recherche avancée, mais aussi de découvrir les collections par artistes, techniques, périodes, origine... Les catégories sont elles-mêmes subdivisées par grandes civilisations. La liste des artistes - directement illustrée avec les images d’œuvres - est agréable. Les informations sont claires, la navigation aisée, avec un curseur en haut de page et la possibilité de feuilleter en bas de page. Un petit regret toutefois. Passez la souris sur l'image : la notice sommaire qui apparaît alors ne propose pas le nom de l'artiste. Ce qui n'est pas gênant pour un objet archéologique le devient pour une sculpture ou une peinture d'art occidental.
Sélectionnez une notice. L'essentiel est là, et même plus. L'image peut-être agrandie. S'il existe plusieurs images pour une même œuvre, vous pouvez les feuilleter. Mieux encore, les images sont publiées sous "Creative Commons License". On vous propose d'ailleurs de les télécharger librement. Le Walters Art Museum n'est pas le seul musée d'Amérique du Nord à proposer la réutilisation libre et gratuite de ses images. Nous reviendrons dans un autre article sur cette évolution essentielle.
Deux autres possibilités de navigation dans les collections s'avèrent intéressantes. Celle par "tags" (mots clés) d'abord. Ces mots clés ont été proposés par les visiteurs. Un bel exemple de mise à contribution du public pour l'indexation des collections ! Et la preuve que l'on peut faire confiance au public.
Mais si le public est invité à indexer les collections, il peut également publier sa propre sélection d’œuvres. Ces sélections sont présentées dans la partie "community". Si le fil directeur de certaines de ces présentations est évident (Memento mori), d'autres sont plus difficiles à cerner. Toutes témoignent cependant de l'appropriation des collections par le public.
Un coup de cœur enfin : la très rare collection d'aquarelles de Léon Bonvin (1834-1866), le frère cadet du peintre François Bonvin. Eugène Boudin écrit à son propos, le 12 février 1866 : "Vous avez lu la mort de ce pauvre Bonvin qui s’est suicidé lui, pour quelques centaines de francs de dettes, voyez quelle dérision du sort...". Ce suicide provoqua une grande émotion et un élan de solidarité dans le milieu artistique. Courbet, Daubigny et d'autres artistes organisèrent une vente de leurs œuvres au profit de la veuve et des enfants du défunt. A la vue de ces aquarelles d'une remarquable originalité, on ne peut que regretter cette disparition précoce. Merci au Walters Art Museum de nous permettre de les découvrir.
Walters Art Museum